Politiques du cancer, que peut apporter la sociologie ? Suivez sur acteurs de santé TV les différentes interventions du débat, aujourd'hui, Patrick Castel, Sociologue au Centre de Sociologie des Organisations Sciences Po - CNRS.
« Recherche, diagnostic, accès à l’innovation, parcours de soins, place des patients, transformation des pratiques professionnelles et des relations soignants-soignés … Comment les sciences sociales peuvent contribuer à la compréhension et l’élaboration des politiques de lutte contre le cancer ? », interroge Stéphanie Chevrel, Présidente de l’Observatoire de l’Information Santé, modérateur du débat organisé au Centre de Sociologie des Organisations de Sciences Po et du CNRS sur la place des sciences sociales dans les politiques de lutte contre le cancer. Patrick Castel, sociologue au Centre de Sociologie des Organisations Sciences Po - CNRS, Franck Chauvin, Président du Haut Conseil de la Santé Publique, Thierry Breton, directeur général de l’Institut National du Cancer et Emmanuel Jammes, Délégué Société et Politiques de Santé à la Ligue contre le cancer apportent leur éclairage à l’occasion de la sortie de l’ouvrage, "Les politiques de lutte contre le cancer en France."
Donner la parole aux malades
« Les sciences sociales de la santé regroupent de nombreuses disciplines : la psychologie, l’économie, la géographie, la science politique, l’histoire, l’anthropologie, la sociologie […] Ses domaines privilégiés ont d’abord porté sur le fonctionnement de l’hôpital, l’organisation des soins et de la recherche. Puis beaucoup d’efforts ont été déployés pour donner la parole aux malades. La sociologie y a beaucoup contribué, elle qui s’était d’abord fait connaître dans les années 70 à travers une critique assez forte de la dominance médicale pointant le poids de la médecine dans les systèmes de santé et à tous les niveaux », explique Patrick Castel, sociologue au Centre de Sociologie des Organisations Sciences Po - CNRS, spécialiste de sociologie des organisations et des questions de santé.
Analyser les relations de pouvoir, mettre en lumière les points d’accord et de désaccord des acteurs Co-auteur du livre « Les politiques de lutte contre le cancer en France » réalisé avec Pierre-André Juven, chargé de recherche au CERMES et Audrey Vézian, chargée de recherche au laboratoire Triangle, il ajoute, « Nous nous sommes rendu compte que de nombreux travaux et livres étaient publiés sur l’expérience des malades, sur la relation médecins - patients, mais peu sur les politiques publiques […] Nous avons voulu montrer que si la sociologie et la science politique sont parfois oubliées dans la santé, elles peuvent être des contributrices importantes à l’analyse des politiques publiques. Ce livre apporte des éléments pour comprendre le paysage des politiques de lutte contre le cancer notamment les types de relations entre acteurs et institutions. Contribuer à mettre à jour les alliances et les points de désaccord entre acteurs est un des grands apports de la sociologie ».
La profusion d’organisations et d’acteurs pose le problème de la politique de coordination
« La profusion de création d’organisations, dont l’INCA en 2005 par le premier plan cancer, pose la question de la politique de coordination car si ces organisations sont créées pour coordonner, comment s’y prennent-elles ? Elles n’ont pas toujours de moyens financiers considérables, il leur faut parfois trouver d’autres ressources, des alliés qui vont contribuer au financement. Ces organisations n’ont pas toujours de liens hiérarchiques stricts avec les acteurs qu’elles sont censées coordonner […] Les médecins et notamment les hospitalo-universitaires n’ont pas été affaiblis par les plans cancer tandis que les patients se sont organisés et structurés mais leur voix reste moins abrasive pour le pouvoir médical que dans d’autres champs de la santé. Peut-être que les choses changeront avec l’enjeu du prix du médicament. »
La sociologie, un contributeur important à l’analyse des politiques publiques
« Ce livre partiel est fondé sur des recherches qu’il faut poursuivre avec des sociologues immergés, au plus proche du terrain, et indépendants pour qu’ils puissent conserver une capacité d’analyse autonome, y compris critique ; c’est dans l’intérêt de tous les acteurs. De nombreux défis attendent la lutte contre le cancer comme le virage ambulatoire, le développement de l’intelligence artificielle ou le big data qui nécessitent cette voix d’analyse critique des relations entre acteurs, y compris des relations de pouvoir, expression qui est encore souvent considérée comme un gros mot, alors que c’est consubstantiel à l’action collective », conclut le sociologue.
Stéphanie Chevrel
« Politiques du cancer : que peut apporter la sociologie ? » - Débat organisé au Centre de Sociologie des Organisations de Sciences Po - CNRS, autour de l’ouvrage « Les politiques de lutte contre le cancer en France », publié aux presses de l’EHESP et rédigé par Patrick Castel, sociologue au Centre de Sociologie des Organisations Sciences Po - CNRS, Pierre André Juven, chargé de recherche au CERMES et Audrey Vézian, chargée de recherche au laboratoire Triangle.
Invités au débat : Thierry Breton, directeur général de l’Institut National du Cancer, Franck Chauvin, Président du Haut Conseil de la Santé Publique, Emmanuel Jammes, Délégué Société et Politiques de Santé à la Ligue contre le cancer & Patrick Castel, sociologue au Centre de Sociologie des Organisations Sciences Po – CNRS. Modératrice : Stéphanie Chevrel, Présidente de l’Observatoire de l’Information Santé.
Captation réalisée par acteurs de santé pour l’Observatoire de l’Information Santé.
En savoir plus : http://www.cso.edu/home.asp https://www.e-cancer.fr/ https://www.hcsp.fr/explore.cgi/Accueil http://www.ligue-cancer.net http://www.observatoiredelinfosante.com