On parle beaucoup de l’ambulatoire, s’agit-il d’un virage ambulatoire ou, comme vous le nommez dans votre livre, d’un mirage ambulatoire ?
Entretien avec Pierre-André Juven, sociologue, chargé de recherche au CNRS, co-auteur du livre "La casse du siècle. A propos des réformes de l'hôpital public", mené par Stéphanie Chevrel, Acteurs de santé.
Bon pour la santé des patients et des comptes publics
"Fin des années 90 et début des années 2000, le virage ambulatoire devient très présent dans le discours des acteurs publics. L’idée est que le virage ambulatoire va permettre deux conséquences : maintenir la qualité des soins - les patients ne resteront pas à l’hôpital, ils rentreront chez eux, évitant de contracter des infections nosocomiales - et être bon pour la santé des comptes publics - les patients ne seront plus hospitalisés, source d’économies pour les hôpitaux qui disposeront de plus de lits disponibles et pourront augmenter leur activité."
Des allures de mirage ambulatoire
Fanny Vincent et Frédéric Pierru, co-auteurs de l'ouvrage avec Pierre-André JUVEN, alertent toutefois sur le fait que ce virage ambulatoire peut aussi avoir des allures de mirage ambulatoire. "Certaines population, notamment les personnes âgées isolées, commencent à se faire entendre qui ne peuvent pas rentrer dans ce moule. Entrer le matin et sortir le soir de l’hôpital pour rentrer chez eux avec un suivi nécessaire suppose la présence de proches ou d’aidants et des moyens financiers dont tous les patients ne disposent pas."
En savoir plus : "La casse du siècle. A propos des réformes de l'hôpital public", auteurs : Pierre-André Juven, Frédéric Pierru & Fanny Vincent - https://livre.fnac.com/a12979176/JUVEN-La-casse-du-siecle-A-propos-des-reformes-de-l-hopital-public