L’accès aux signatures génomique était au cœur des communications du congrès 2024 de la Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée (SFMPP). Les résultats d’une enquête menée auprès de 2.603 patients ont été présenté à cette occasion par François Sarkozy, FSNB Health & Care et Catherine Simonin-Bénazet, Présidente de la commission Société Politiques de Santé, Ligue nationale contre le cancer.
« Nous avons réalisé deux enquêtes sur la pratique du séquençage génomique en France : un premier baromètre a été présenté l'an dernier, dans toute la France auprès de l'ensemble des directeurs et prescripteurs des centres de prise en charge du cancer. Et nous présentons aujourd’hui au congrès de la SFMPP une deuxième enquête menée auprès de 2.603 patients. »
Le séquençage génomique est un espoir immense. « Il s’agit d’un nouveau paradigme. Il ne suffit plus d'avoir un diagnostic anatomopathologique de sa tumeur, il faut aujourd’hui connaître sa vraie carte d'identité moléculaire. Plus vite on le fait, plus on comprend rapidement la nature de la tumeur et mieux on va pouvoir adapter la stratégie thérapeutique au patient et à la tumeur. Le séquençage génomique exerce donc une influence, un impact important sur le pronostic des patients. Et comme toujours en cancérologie, le plus vite on prend en charge, le plus vite on a le bon traitement, et meilleur sera le pronostic. »
De grandes inégalités d’accès en France aux tests de séquençage génomique. « L’an dernier, lorsque nous avons réalisé notre baromètre avec les centres, nous nous sommes aperçus qu’il existait des inégalités d’accès sur l’ensemble du territoire aux tests de séquençage génomique, notamment selon la typologie des centres : importants, spécialisés, petits ou isolés. Ceci est dû à leur mode de financement. Nous avons la chance en France de pouvoir financer ces tests à travers le RIHN qui est un financement transitoire, temporaire, mais seulement partiel : il ne couvre à l'heure actuelle que 50 % des coûts engagés par le centre. L’autre moitié est à la charge du centre. Si le centre est petit, s'il a un centre de proximité, s'il n'a pas une masse critique de patients ou un budget de recherche clinique important, il ne va pas pouvoir financer ces tests. Ce premier frein lié au financement est une perte de chance pour les patients. Un article dans le bulletin du cancer reprend ces informations qui ont largement été diffusées l’an dernier à la SFMPP 2023 et lors des rencontres de la cancérologie française (RCFR). »
Le séquençage génomique souffre d’un déficit d’information auprès des patients. « Au vu de ces résultats, nous souhaitions connaître le point de vue des patients. Nous avons ainsi mené en 2024 une grande étude avec Unicancer, La Ligue nationale contre le cancer et Patients en Réseau, ce qui explique que parmi les 2.603 patients qui ont répondu, les femmes atteintes de cancer du sein soient plus représentées qu'elles ne le sont dans le cancer en France. Nous avons ainsi appris que trois quarts des patients n’avaient jamais entendu parler du séquençage génomique. C'est un fait, il faut l'entendre. Il existe un déficit d'information important. Le plus souvent, ceux qui n’en ont pas entendu parler sont ceux à qui on ne l’a pas proposé. »
Le financement partiel actuel est une perte de chance pour les patients.« Ces tests ont été davantage pratiqués par les Centres de lutte contre le cancer et les Centres hospitalo-universitaires. Cela reflète bien que les centres les plus importants sont en meilleures capacités de réaliser ces tests génomiques. 43 patients nous ont indiqué qu’on leur avait parlé du séquençage génomique, mais qu’il n’avait pu être réalisé en raison de problèmes de financement, preuve que financement est un vrai problème. »
De nouvelles recommandations de la HAS. « Le RIHN est une réelle opportunité, mais il ne couvre pas tous les coûts inhérents et ne s'adresse pas forcément à tous les diagnostics innovants. De son côté, la HAS (Haute autorité de Santé) a beaucoup évolué et a rendu ses premières conclusions et recommandations au mois de juillet. De nouvelles évaluations sont à venir de façon que lorsqu’un test a fait la preuve de son intérêt avec des données solides, il puisse sortir du RIHN et rentré dans le droit commun, dans la nomenclature. »
Les signatures génomiques doivent être remboursées. « C'est maintenant un processus qui est déclenché. Évidemment, nous aimerions bien que ce processus soit plus rapide et que davantage de tests soient évalués. Mais un autre point, régulièrement soulevé par la HAS, est la nécessité lorsqu’on bénéficie du RIHN, tout comme pour les médicaments relevant d’un accès précoce, de générer des données de vie réelle pour qu'on puisse soutenir cette évaluation. C’est un point vraiment important. »
Interview réalisée à l'occasion du congrès de la SFMPP (Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée), octobre 2024.