En direct des 49èmes Assises de l’Union de la Presse Francophone (UPF) à l’Université Mohamed VI Polytechnique, (UM6P), à Benguerir au Maroc, avec la Présidente de l’Union de la Presse Francophone du Cameroun, Evelyne Owona Essomba.
Quelle est la place des femmes dans les médias du Cameroun ?
« Les femmes dans mon pays, le Cameroun, accèdent aux médias dans les écoles où elles sont plus nombreuses que les hommes, tout comme dans les rédactions. Elles préfèrent l’audiovisuel à la presse écrite, mais plus elles évoluent vers des postes de responsabilité et moins elles sont présentes. Il y a beaucoup de déperdition sur le chemin de l’ascension sociale des femmes ! »
Pourquoi les femmes n’osent-elles pas se diriger vers des postes à responsabilité ?
« Les femmes ont souvent grandi dans un environnement qui les a formatées, elles ont appris à ne pas rêver trop haut. Ce sont des clichés contre lesquels il faut aujourd’hui travailler. Le système actuel découle de ces clichés qui font en sorte qu’il y a ce plafond de verre. Ce syndrome qui vous donne l’impression que vous n’êtes pas qualifiée ou pas éligible et qui décourage les femmes. Il faut fournir les efforts nécessaires pour assumer des responsabilités et atteindre ce niveau qui nécessite de donner un peu plus que d’ordinaire. »
Quelles perspectives pour les 5 ou 10 prochaines années ?
« On observe de bonnes évolutions sur les plans statutaires, réglementaires ou légaux. Au Cameroun, par exemple, il n’existe pas de réelle discrimination salariale entre les hommes et les femmes lorsqu’ils sont engagés dans un média. Le travail à effectuer est plus mental et psychologique. Un travail de plaidoyer est nécessaire. Il faut aussi des modèles et des références qui leur donnent envie de ressembler à ces femmes-là. Il faut donc que les femmes qui incarnent ce leadership soient de plus en plus nombreuses et que les plus jeunes aient envie de suivre. Je vois de belles promesses dans ce sens et je pense que d'ici 5 à 10 ans, nous aurons des femmes fortes, leaders dans les médias au Cameroun. »
Quel serait votre conseil pour inciter une jeune femme à déployer ses ailes et surtout son leadership dans les médias ?
« Le pré-requis est d’être une bonne professionnelle, c'est non négociable. Il faut être inattaquable sur ses capacités à remplir son rôle de journaliste, saupoudrer cela de beaucoup de volonté, avoir un haut niveau d’exigence personnelle, et puis il faut oser. Oser pousser les portes, oser sortir de sa zone de confort, oser aller chercher ailleurs d’autres connaissances, ne pas rester enfermée dans son média mais s’ouvrir à des connaissances et des formations parallèles. Je suis journaliste depuis 24 ans au Cameroun, mais j’ai poursuivi des études universitaires. J’ai un PHD en sciences de l’information & de la communication et donc, j’enseigne parallèlement. Je me nourris également des expériences de mes étudiant.e.s et de mon nouvel environnement professionnel car je suis formatrice, média-traîner. Je multiplie ainsi les expériences qui me grandissent et font de moi une meilleure journaliste et une meilleure leader. Je suis au taquet tous les jours ! Je gère une chaîne d’information en continu. Il n’y a pas de pause-café ! Il faut rester fraîche et prête à pouvoir tirer profit de la moindre opportunité. »
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