Les données de vie réelle ont été l’une des actualités du Congrès 2024 de la Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée (SFMPP).
En quoi les données de vie réelle peuvent-elles être un apport pour la recherche ? « Les données de vie réelle sont toutes les données que nous produisons concernant l'utilisation des médicaments dans la vie de tous les jours de nos patients. Il faut les distinguer des données cliniques encadrées par un protocole, dans lesquelles les patients sont sélectionnés. Ces données de santé produites chaque jour permettent d’observer concrètement, sur des critères précis, comment les patients supportent un médicament, comment ils réagissent à un traitement ou à une intervention. Ces données recueillies quotidiennement permettent de confronter les résultats des études classiques - qui ont permis de mettre à la disposition des patients de nouveaux traitements ou des innovations - à leur utilisation en vie réelle. »
Peut-on regrouper toutes les données de vie réelle réalisées par de très nombreux acteurs afin de faire avancer la recherche et la pratique quotidienne ? « L’objectif est effectivement de récupérer ces données dans des Observatoires ou dans des Centres spécifiques. Nous lançons justement aujourd’hui une stratégie de vulgarisation qu'on appelle « stratégie secondaire des données de santé ». Son objectif est de faire de la recherche, d'adapter les médicaments ou encore de trouver des réponses à des parcours de soins et de découvrir de nouvelles potentialités que nous n’avions pas forcément cernées initialement. C’est vraiment important de capitaliser sur ces données qui sont un véritable trésor. »
La durée d’études de données en vie réelle est-elle la même que celle d’études randomisées par exemple ? « Ce qui est compliqué dans les données de vie réelle, c’est de trouver les données ! Mais une fois que nous les avons trouvées, que nous sommes parvenus à les coordonner et à les insérer dans des bases de données, leur utilisation est assez rapide. Pour autant, il faut avoir anticipé en amont les autorisations d'utiliser ces données car le consentement des patients est nécessaire. Si tout a bien été anticipé et que nous avons leur accord, c’est moins compliqué. Ces données réelles qui nécessitent d’inclure des patients sont uniques et prennent beaucoup de temps, nous ne sommes pas du tout sur les mêmes échelles. »
Les signatures génomiques font-elles l’objet de données en vie réelle ? Pourquoi ? « La question est plutôt de savoir comment toutes les données génomiques provenant de différents pays permettent de bénéficier, aux patients atteints d’un cancer, de tests de dépistage sur la génomique de leur tumeur. Et comment, à partir de ces données, nous arrivons à tirer des conclusions pour une prise en charge globale et l'adaptation du système. Ces données générées pour la prise en charge du patient - qu'on appelle utilisation secondaire - nous permettent alors d’adapter notre système au-delà de leur première utilisation. C'est une source d’information très importante.
Le 30 septembre 2024, le ministère chargé de la santé a lancé la stratégie française pour l'utilisation secondaire des données de santé. Cette stratégie permet de préparer l'application du Règlement relatif à l'Espace européen des données de santé (EEDS) qui marque une étape majeure dans la gestion et le partage des données de santé en Europe. »
Interview réalisée à l'occasion du congrès de la SFMPP (Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée), octobre 2024.