De nombreuses études ont montré que les tests génomiques permettaient de réduire les chimiothérapies et donc, leurs effets secondaires et leurs coûts. Pour autant, ces tests, utilisés depuis déjà quelques années, ne rentrent toujours pas dans la nomenclature. Une nouvelle étude vient d'évaluer le coût - efficacité du test génomique Oncotype DX® comparé à son impact budgétaire. Nous faisons aujourd'hui le point avec le professeur Roman Rouzier, directeur scientifique du Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC) François Baclesse à Caen, qui a présenté cette étude lors de la Conférence européenne du cancer du sein qui s’est tenue à Barcelone.
« L’objet de l’étude de modélisation que nous avons menée était d’analyser la balance entre le coût et les bénéfices engendrés par les tests génomiques. Elle reposait sur plusieurs études à grande échelle réalisées à partir du test Oncotype DX® d’Exact Sciences. »
Les tests génomiques permettent d'économiser de l'argent
« Les patientes les acceptent complètement parce que nous pouvons leur expliquer leurs bénéfices et qu’elles les comprennent bien. Elles sont nos meilleures alliées. C'est plus difficile auprès des autorités de santé. Cela fait plus de quinze ans que je me bats pour les signatures génomiques. C’est déjà un succès qu'on puisse en disposer, mais aujourd’hui, une institution va perdre de l'argent sur un test génomique : remboursé aux alentours de 1.000 €, il coûte entre 1.400 € et 2.000 €. Si nos institutions acceptent actuellement de perdre de l'argent au bénéfice des patientes, il faudrait que ces tests rentrent maintenant rapidement dans la nomenclature de façon à faire la meilleure médecine possible. »
Les cliniciens se sont appropriés les tests génomiques
« Différents acteurs sont concernés par les tests génomiques : les cliniciens et les autorités de santé. J’ai personnellement porté le dossier du remboursement des tests génomiques et depuis 2016/2017, nous avons un financement temporaire dans le cadre d'une évaluation. Le travail que nous venons de mener fait partie des évaluations qui vont être utilisées pour l’obtention du remboursement. Nous sommes, depuis 2017, dans cette phase de transition pendant laquelle et très clairement, les cliniciens se sont appropriés ces signatures. Les recommandations sont assez claires pour prendre en charge les cancers du sein et les circuits sont de plus en plus fonctionnels. Cette période de transition a permis aux professionnels de santé de s'approprier ces tests et de les proposer plus largement à leurs patientes. »
Les autorités de santé en attente de toujours plus d’évaluations
« Concernant les autorités de santé, cela prend du temps, car de nombreuses évaluations sont nécessaires avec des notions parfois difficiles à entendre pour les praticiens et pour les patientes comme les notions d'impact budgétaire ou de coût - efficience. Notre étude y répond en partie avec des informations dédiées aux autorités de santé. Nous avons pu mesurer cet impact budgétaire, c'est à dire combien la prescription d’un test génomique à 10.000 patientes - ce qui est peu à l’échelle de la population - va peser dans le budget de la Sécurité sociale. Ensuite, c'est une question de coût - efficience. L’impact budgétaire se mesure à court terme, mais économiser des chimiothérapies est un bénéfice à plus long terme. L’évidence est qu’il y a un intérêt à faire ces tests, c’est pourquoi nous espérons que cette étude sera prise en compte par les autorités de santé. »
De nombreux bénéfices réalisés en évitant le coût d’une chimiothérapie
« Le coût d’un test génomique est de 2.000 €, celui d’une chimiothérapie est d’environ 12.000 € sans compter les nombreuses dépenses qui en découlent comme, par exemple, les arrêts de travail. Certains coûts sont transparents et simples à calculer, c’est ce que va dépenser la Sécurité sociale. Par contre, les arrêts de travail vont entraîner à terme une perte de productivité qu’il n’est pas toujours facile de mesurer. Ce qui veut dire que malgré toutes les modélisations que nous pouvons faire, nous n’arrivons pas à capter l'intégralité des bénéfices des tests génomiques obtenus grâce à cette stratégie innovante. »
Nous espérons que ces tests vont maintenant très rapidement rentrer dans la nomenclature
« Au vu des économies et des bénéfices réalisés en termes de santé au plus grand bénéfice des patientes, nous espérons que ces tests vont maintenant très rapidement rentrer dans la nomenclature. C’est d'autant plus important que les innovations dans le cancer du sein sont permanentes. Nous sauvons de plus en plus de vies. Certaines patientes vivent maintenant très longtemps avec un cancer du sein métastatique qui est quasiment devenu une maladie chronique. Tout cela a un coût. La stratégie des tests génomiques est efficace, elle nous permet d'économiser de l'argent et d’utiliser nos ressources à des fins encore plus utiles. »
Interview réalisée par Acteurs de santé Tv, avec le soutien d’Exact Sciences qui n’est pas intervenu dans le contenu éditorial.
En savoir plus :
- Centre François Baclesse, https://www.baclesse.fr
- Mon traitement cancer du sein, https://www.montraitement-cancerdusein.fr/
- Exact Sciences, https://www.exactsciences.com/
- Patients en reseau, https://www.patientsenreseau.fr/