L’algoneurodystrophie, savoir être patient !

Dr Rodolphe LHAF, chirurgien orthopédiste et traumatologue, CHAM, Montreuil-Sur-Mer

Cette douleur chronique se manifeste au niveau des articulations bien souvent quelques jours ou semaines après un traumatisme.

"Enfants comme adultes, certains patients atteints de pathologies très graves ou au contraire, parfois très simples, peuvent développer un syndrome appelé algoneurodystrophie ou “syndrome douloureux régional complexe” (SDRC). Cette douleur chronique se manifeste au niveau des articulations des bras - épaule, coude, main - ou des jambes - genou, cheville - bien souvent quelques jours ou quelques semaines après un traumatisme type fracture, entorse, luxation ou une intervention chirurgicale. Parfois, elle peut même s’installer à plusieurs endroits, comme par exemple, de l’épaule à la main (syndrome épaule-main)."

Phase chaude et phase froide
"Douleurs, difficultés de récupération, surtout au niveau des amplitudes articulaires, œdème, déminéralisation osseuse, l’algoneurodystrophie évolue en deux phases : la première est la “phase chaude”. Le membre est gonflé, douloureux et raide, avec des variations de température, un changement de l’aspect des ongles, des poils et de la peau qui devient rouge ou violacée et luisante ;  la seconde phase, la “phase froide”, est marquée par la raideur."

Rééduquer sans déclencher de douleur
"La rééducation doit être douce et progressive, sans déclencher de douleur. Dans la phase chaude, la balnéothérapie est recommandée, elle permet à la personne de doser ses mouvements sans se faire mal. Il faut attendre la phase froide pour mobiliser l’articulation et démarrer un renforcement musculaire. Les massages sont vraiment importants tout au long du processus. L’algoneurodystrophie se règle spontanément de façon variable dans le temps, de 3 à 24 mois, selon les individus, même si des raideurs articulaires peuvent subsister, ce qui retarde la reprise du travail dans de bonnes conditions."

Savoir diagnostiquer l’algoneurodystrophie
"Si on sait diagnostiquer l’algoneurodystrophie - scintigraphie, radiographie, IRM, osteodensitométrie -, nous ne connaissons toujours pas bien son origine et son mécanisme. C’est pourquoi, nous recommandons de ne pas enlever le matériel de synthèse - broches, plaques… - tant qu’elle n’a pas complètement disparu."

Il n’existe pas de traitement spécifique
"Au niveau de la prise en charge thérapeutique, on peut faire appel aux centres antidouleurs. Des antalgiques, des myo-relaxants et antidépresseurs sont souvent prescrits, mais leur efficacité est faible. Nous recommandons à nos patients les bains écossais, alternance d’eau froide et d’eau chaude sur la partie du corps concernée, les massages, la méditation, le sport …, tout est possible pour soigner l’algoneurodystrophie."

La prise en charge psychologique est une priorité
"Le facteur psychologique est très important. Le kinésithérapeute doit être à l’écoute. La bonne collaboration du patient repose sur une bonne coopération entre le kinésithérapeute, le chirurgien et le médecin traitant de façon à le mettre en confiance, le rassurer et lui permettre de guérir."

En savoir plus :
CHAM, Centre hospitalier de l’arrondissement de Montreuil : http://www.ch-montreuil.fr
Portrait du mois de Visite Actuelle, Dr Rodolphe Lhaf : https://www.acteursdesante.fr/medecin-pour-etre-utile/1887/

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