Quelles sont pour vous les plus grandes avancées dans le cancer du sein au cours des 5 dernières années ?
« La biologie progresse, mais lentement. Très clairement, les avancées sont médicamenteuses avant tout. Si l’on devait faire le tiercé gagnant des médicaments, la première place reviendrait aux anticorps conjugués (ADC) qui sont les plus extraordinaires à cause de leur mécanisme d’action original et des bénéfices importants en survie globale ; puis l’immunothérapie, et ensuite les anti-CDK. Ces 3 médicaments dans 3 champs différents ont transformé les choses. Il y a des populations pour lesquelles nous n’avions pas eu d’avancées depuis de longues années. L’immunothérapie néoadjuvante présente un énorme bénéfice en survie globale pour les femmes atteintes d’un cancer du sein triple négatif. C’est un vrai changement de paradigme que nous attendions depuis longtemps. »
On sauve plus de vies, gagne t’on aussi en qualité de vie ?
« La qualité de vie est globalement acceptable, elle est très bonne avec les anti-CDK. Le rapport bénéfice - risque est parfois tangent, mais nous disposons de médicaments efficaces. Les femmes ont une bien meilleure qualité de vie aujourd’hui qu’il y a 20 ans. »
Comment voyez-vous le futur de l'oncologie ?
« Le futur, c’est l’avant cancer. C’est l’investissement de l’oncologie dans le champ de la prévention, bien avant que le cancer ne s’installe, lorsque se présentent des signaux précoces. Avec ce que l’on connaît maintenant du développement des cancers, de la cancérogenèse et les moyens de l’intelligence artificielle en biologie, nous saurons demain trouver quelques cellules ou quelques molécules qui indiquent formellement la présence d’un cancer. Nous serons alors capables de l’éradiquer avant la phase clinique. C’est ça l’oncologie de demain ! »
Interview réalisée à l'occasion du congrès de la SFMPP (Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée), octobre 2024.