L’avant cancer, le futur de l’oncologie

Dr Suzette DELALOGE, oncologue médicale, Institut Gustave Roussy

Le futur, c’est l’investissement de l’oncologie dans le champ de la prévention.

Quelles sont pour vous les plus grandes avancées dans le cancer du sein au cours des 5 dernières années ?
« La biologie progresse, mais lentement. Très clairement, les avancées sont médicamenteuses avant tout. Si l’on devait faire le tiercé gagnant des médicaments, la première place reviendrait aux anticorps conjugués (ADC) qui sont les plus extraordinaires à cause de leur mécanisme d’action original et des bénéfices importants en survie globale ; puis l’immunothérapie, et ensuite les anti-CDK. Ces 3 médicaments dans 3 champs différents ont transformé les choses. Il y a des populations pour lesquelles nous n’avions pas eu d’avancées depuis de longues années. L’immunothérapie néoadjuvante présente un énorme bénéfice en survie globale pour les femmes atteintes d’un cancer du sein triple négatif. C’est un vrai changement de paradigme que nous attendions depuis longtemps. »

On sauve plus de vies, gagne t’on aussi en qualité de vie ?
« La qualité de vie est globalement acceptable, elle est très bonne avec les anti-CDK. Le rapport bénéfice - risque est parfois tangent, mais nous disposons de médicaments efficaces. Les femmes ont une bien meilleure qualité de vie aujourd’hui qu’il y a 20 ans. »

Comment voyez-vous le futur de l'oncologie ?
« Le futur, c’est l’avant cancer. C’est l’investissement de l’oncologie dans le champ de la prévention, bien avant que le cancer ne s’installe, lorsque se présentent des signaux précoces. Avec ce que l’on connaît maintenant du développement des cancers, de la cancérogenèse et les moyens de l’intelligence artificielle en biologie, nous saurons demain trouver quelques cellules ou quelques molécules qui indiquent formellement la présence d’un cancer. Nous serons alors capables de l’éradiquer avant la phase clinique. C’est ça l’oncologie de demain ! »

Interview réalisée à l'occasion du congrès de la SFMPP (Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée), octobre 2024.

Sur le même thème

Enfin une bonne nouvelle !

Chaque année, plus de 10 000 femmes en France pourraient éviter une chimiothérapie inutile sans perte de chance, quelque ...

Données de vie réelle, un véritable trésor pour la recherche et les patients

Observer quotidiennement sur des critères précis comment les patients supportent un médicament, comment ils réagissent à ...

Signatures génomiques, demande de remboursement auprès de la HAS

Garantir l’accès et la prise en charge des innovations en France pour éviter les pertes de chance.

Le financement partiel des signatures génomiques, une perte de chance pour les patients

Nous avons la chance en France de pouvoir financer ces tests à travers le RIHN qui est un financement transitoire, mais ...

Une évaluation en cours à la HAS sur les tests génomiques

Dans le cadre du RIHN, 50 % du coût des tests génomiques est à la charge de l'établissement de santé. Les établissements ...

Éviter une chimiothérapie inutile grâce au test génomique

En parler avec votre équipe médicale avant la chirurgie.

Un test génomique pour éviter une chimiothérapie inutile

C'est essentiel d'en parler à votre médecin.

A quel moment réalise t’on le test génomique ?

Eviter une chimiothérapie inutile.