« La population vieillit, au quotidien, nous soignons de plus en plus de personnes âgées qui reçoivent de moins en moins d’aide. Les personnes ne nous voient pas seulement comme une infirmière, mais comme un lien social. Les patients recherchent auprès de nous un peu d’affection, de l’écoute et de la compréhension. Certains d’entre eux vivent seuls et nous sommes leurs seules visites avec les auxiliaires médicales. »
Si les infirmières sont prises en charge par la sécurité sociale, les auxiliaires ne le sont pas
« Certaines personnes se blessent ainsi volontairement pour prolonger les soins uniquement pour conserver ce lien social, bénéficier de la présence de l’infirmière qui sera à l’écoute et qui pourra lui apporter un peu de tendresse. Les personnes qui ont très peu de revenus reçoivent une aide de la société à travers les allocations ou l’APA tandis que celles qui ont des revenus moyens n’ont aucune aide : ce sont ces personnes qui ont beaucoup de difficultés car bien souvent, elles ne peuvent pas payer les auxiliaires. Elles se retrouvent alors face à nous qui malheureusement ne pouvons pas leur consacrer tout le temps qu’elles souhaiteraient. »
Le métier d’infirmière de moins en moins reconnu par la société et les familles
« Pendant mes études, je savais que je voulais aider les personnes autour de moi. Après mon bac, je me suis renseignée et je me suis inscrite dans une école d’infirmières. J’ai travaillé pendant 3 ans à l’hôpital. Les rapports vis-à-vis des soignants, des médecins et des patients étaient de plus en plus difficiles. Il fallait aller très vite pour soigner le plus de personnes possibles. Or, ce n’est pas ce dont j’avais envie. Je voulais être à l’écoute des patients, c’est pour cela que j’exerce la profession d’infirmière libérale depuis 1990. C’était plus facile qu’actuellement, les personnes nous étaient très reconnaissantes, certaines étaient même étonnées d’avoir le droit à une personne pour effectuer leurs soins à domicile. Maintenant, pour la plupart d’entre elles, c’est un dû puisque c’est remboursé par la sécurité sociale, pour d’autres, c’est le seul lien social avec leur entourage. Pour nous, le métier est devenu de plus en plus difficile car il est de moins en moins reconnu par la société et, fréquemment, par les familles. »
Un meilleur soutien de la société aux personnes âgées
« Si j’avais deux vœux à formuler, le premier serait que notre profession soit reconnue par tout le monde : la société, les familles, les hôpitaux. Le second, que les personnes et surtout les personnes âgées ne soient pas démunies, qu’elles aient accès à tous les soins avec un minimum de confort dans leur vie, qu’elles vivent pleinement leur fin de vie soutenues par les infirmières mais aussi par la société et les autres aidants de façon à ne pas se retrouver seules. »
Source : Interview réalisée en toute indépendance éditoriale par Acteurs de santé Tv pour la Web Tv Plaies et Cicatrisations, avec le soutien institutionnel de ConvaTec, à l’occasion des Journées Cicatrisations 2020, organisées du 26 au 28 janvier, à Paris, par la Société Française et Francophone Plaies et Cicatrisations.
En savoir plus : https://www.cicatrisations2020.org/ & https://www.convatec.fr/