« Journalisme d’information, journalisme d’émotion ? » - Anne-Cécile ROBERT, Journaliste, spécialiste des institutions européennes et de l’Afrique - le Monde Diplomatique au micro de Gaël de Vaumas à l’occasion des 48èmes Assises de la Presse Francophone (UPF), à Yaoundé, au Cameroun.
"L’émotion fait partie de la vie. Les journalistes étant des hommes et des femmes, il est évident qu’ils éprouvent des émotions. Leur problème est de trouver quelle est la place à accorder à l’émotion. Ils doivent toujours s’interroger : « Cette émotion dit-elle quelque chose de moi ou quelque chose de ce que je vois ». Lorsque nous sommes remués de l’intérieur, cela peut être pour des raisons très personnelles. Ce qu’on voit peut, par exemple, nous rappeler des choses que nous avons vécues. Cette émotion peut nous raconter quelque chose de nous-même, de notre passé, de notre histoire et de notre sensibilité.
Les journalistes ne sont pas censés raconter leur vie. Nous devons nous interroger et nous assurer que l’émotion dit quelque chose du monde qui nous entoure, de ce qui se passe autour de nous. Nous devons être sûrs à travers cette émotion de pouvoir expliquer des choses au public et l’aider à comprendre le monde qui bouge."
L’investigation est le cœur du métier de journaliste
"Parler de journaliste d’investigation, n’est-ce pas finalement résumer ce qu’est notre métier : c’est à dire un journaliste qui enquête, qui fait des reportages, qui trouve des informations, qui les vérifie et les re-vérifie et qui ensuite les transmets au public."
Vérifier la source d’information pour éviter de diffuser des fake news
"Pour résoudre le problème des fausses nouvelles, comme celui des réseaux sociaux, il faudrait qu’on réapprenne à identifier ce qu’est une source et ce qu’est une source fiable. Le journaliste comme le citoyen est abreuvé d’informations et de faits qui déboulent de partout.
La seule manière de faire le tri entre une information véritable et une intox ou une infox est de regarder la source. Il faut si possible trouver une source primaire. Les informations qui viennent de seconde main, qui sont transmises par des sites qu’on ne connaît pas ou par des gens dont on ignore tout, doivent tout de suite être disqualifiées. Il faut revenir aux fondamentaux, c’est á dire vérifier la source d’information. Cela doit aussi être un réflexe pour les citoyens qui s’informent de plus en plus sur les réseaux sociaux : « Qui me dit ça ? Quelle est la source ? ». Vérifier la qualité et l’authenticité de la source, éventuellement la recouper, la confronter et la contredire avec d’autres sources est de plus en plus nécessaire."
Le métier de journaliste est un des métiers les plus difficiles au monde
"Le métier de journaliste, si on veut le faire sérieusement, est un des métiers les plus difficiles au monde parce que on le fait souvent avec peu de moyens, beaucoup de pression, parfois dans des conditions matérielles et pratiques très difficiles. On l’exerce parfois avec une espèce de solitude, on est tout seul face à sa conscience, c’est pour cela que le monde de la presse doit être solidaire.
On ne peut pas laisser les confrères et consœurs seul(e)s quand ils ont fait leur travail, découvert et rendu une information publique et qu’ils sont menacés, parfois même jetés en prison. Nous devons tous être solidaires."
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