La maladie de Verneuil, méconnue du grand public, touche pourtant 1% des Français. La chirurgie tient une place importante pour faire disparaître cette maladie. Le Dr Philippe Guillem, Chirurgien viscéral et digestif à la Clinique du Val de l’Ouest, Lyon et Vice-président du Réseau Verneuil précise la place de la chirurgie dans les traitements.
« On ne connait pas très bien les causes de la maladie de Verneuil. On pense qu’il s’agit d’une maladie de l’interface entre les bactéries normalement présentes au niveau de la peau et le système immunitaire inflammatoire de la peau. Le système immunitaire inflammatoire détecte ces bactéries, présentes sur la peau comme chez tout individu, comme des intruses même en l’absence d’infection et déclenche une réaction inflammatoire. »
Des traitements médicamenteux qui calment et diminuent les poussées
« On peut soigner cette maladie de deux façons, soit en essayant de contrôler les bactéries avec des antibiotiques, soit en essayant de contrôler le système immunitaire inflammatoire avec des biothérapies. Il s’agit de traitements de fond médicamenteux qui visent à contrôler la maladie et diminuer les poussées. Lors de poussées aiguës, les antibiotiques sont nécessaires quelques jours. Ces traitements médicamenteux permettent de calmer la situation, mais ne font pas disparaître la maladie. »
La chirurgie fait disparaître la maladie sur une zone spécifique et évite les récidives
« A ces traitements médicamenteux s’ajoute la chirurgie qui présente l’avantage que les lésions ne réapparaissent pas à l’endroit où on a opéré, la maladie disparaît. Les traitements médicamenteux et chirurgicaux ne doivent pas être opposés, ils sont complémentaires parce qu’ils ont des objectifs différents : contrôler l’ensemble de la maladie avec les traitements médicamenteux ou contrôler spécifiquement une zone particulièrement atteinte avec la chirurgie. »
Des soins infirmiers postopératoires importants
« Faire disparaître complètement la maladie sur une zone spécifique et éviter les récidives sont les objectifs de la chirurgie. Pour cela, il y a deux principes : le premier est d’enlever la totalité de la lésion pour éviter que la maladie revienne à cet endroit ; le deuxième principe est de “laisser ouvert”. Cela veut dire qu’on enlève la lésion et qu’on attend que ça cicatrise tout seul, de la profondeur vers la surface de la peau. L’organisme a la capacité pour refaire ce tissu là, mais cela nécessite des soins infirmiers postopératoires réalisés par un cabinet infirmiers libéraux près du domicile du patient. Les soins postopératoires sont placés essentiellement sous la responsabilité d’un cabinet infirmier en lien avec le chirurgien. »
Des pansements bien spécifiques pour faciliter la cicatrisation
« Après avoir enlevé les lésions pour que la maladie de Verneuil ne revienne pas, le principe va être d’obtenir une cicatrisation progressive, de la profondeur vers la surface de la peau. Nous utilisons pour cela des pansements spécifiques qui vont aider la cicatrisation, que l'on appelle des mèches. Ce sont des compresses un petit peu particulières qui empêchent à la plaie de se refermer trop vite en surface. La mèche est placée en profondeur dans la cavité de la plaie et recouverte d’un pansement changé tous les jours par l’équipe infirmière. »
Il faut prêter beaucoup d’attention à la cicatrisation
« Tous les infirmier(e)s peuvent poser ce type de pansement dans les plaies cavitaires, même si en pratique, il vaut mieux avoir fait une spécialisation. Il faut prêter beaucoup d’attention à la cicatrisation pour qu’elle se déroule dans de bonnes conditions, sans retard, ni surinfection. Une certaine expertise est nécessaire qui s’acquiert facilement pour obtenir une bonne cicatrisation de la profondeur vers la surface sans fermeture prématurée de la peau ou la présence de poils. »
Un lien étroit entre le chirurgien et les soignants au domicile du patient
« L’opération de la maladie de Verneuil peut se faire dans la journée, en ambulatoire, le patient arrive le matin et repart le soir. Il peut également être hospitalisé quelques jours, cela dépend de l’importance du geste chirurgical et de son environnement, s’il vit seul ou s’il est entouré, par exemple. À partir du moment où le patient rentre chez lui, que ce soit le soir de l’intervention ou après quelques jours d’hospitalisation, il est pris en charge par le cabinet infirmier ou un prestataire de soins à domicile en cicatrisation, en lien étroit avec son chirurgien.
En pratique, cela nécessite de la part du chirurgien une bonne disponibilité. Le suivi est important pour assurer une cicatrisation de bonne qualité. »
Interview réalisée à l’occasion de la web Tv Plaies et Cicatrisation Acteurs de santé Tv avec le soutien institutionnel de ConvaTec.
En savoir plus :
Clinique du Val de l’Ouest, Lyon : https://www.cliniqueduvaldouest.com
ResoVerneuil : https://resoverneuil.com
Solidarité Verneuil : https://www.solidarite-verneuil.org/page/271980-accueil
Association Française pour la Recherche sur l’Hidrosadénite : http://www.afrh.fr
Laboratoires ConvaTec @ConvatecWoundFr : https://www.convatec.fr