Maladies chroniques et continuité des soins à l’heure du Covid-19

Pr Xavier GIRERD, Président de la Fondation pour la recherche de l'Hypertension Artérielle

67% des malades chroniques ont consulté pendant le confinement, 99% ont continué à suivre leur traitement, mais 29% ne sont toujours pas passés au stade du déconfinement.

La Fédération Française des Diabétiques, l’Alliance du Cœur, le Collectif National des Associations d’Obèses, La Fondation pour la recherche sur l’HTA et la Société Française de Santé Digitale lancent la campagne #revoirsonmedecin pour encourager les patients atteints de maladies cardio-métaboliques et plus généralement, les patients atteints de maladies chroniques, à retourner voir leur professionnel de santé, en consultation ou en téléconsultation.

Une étude pour comprendre les comportements des patients pendant la période du Covid-19
"Une étude a été réalisée en amont de la campagne par l’institut B3TSI auprès de 2 400 personnes atteintes d’une maladie chronique. Si les maladies cardio-métaboliques étaient très dominantes, beaucoup d’autres maladies chroniques étaient représentées donnant un contraste intéressant. Effectivement, les comportements des patients asthmatiques n’ont pas été ceux des patients atteint d’un diabète ou des hypertendus. Cette étude sur les différents comportements qu’ont pu avoir les patients est très instructive pour essayer de comprendre ce qui s’est passé pendant cette période de confinement et de post-confinement due à l’épidémie de Covid-19."

69% des malades chroniques ont vu leur rendez-vous chez leur médecin annulé ou différé
(2.15) - "Depuis le début de l’épidémie et pendant le confinement, 69% des personnes touchées par une maladie chronique, que ce soit en zone rouge ou verte, ont vu leur rendez-vous chez leur médecin généraliste ou leur spécialiste annulé ou différé - pour le contrôle d’un examen médical, une opération chirurgicale ou encore pour des soins paramédicaux. Ce chiffre de 69% est très élevé. Il montre bien qu’il s’est passé quelque chose pendant cette période. Finalement, l’ensemble de la prise en charge qui peut être celle d’un patient qui a une maladie chronique a été très largement modifiée, j’oserai dire désorganisée, de façon un peu différente en fonction des régions."

67% des personnes atteintes d’une maladie chronique ont consulté
(3.33) - "Un autre chiffre qui peut sembler paradoxal par rapport à la question précédente montre une dimension un peu différente : depuis le début de l’épidémie et pendant le confinement, 67% des personnes atteintes d’une maladie chronique ont consulté un professionnel de santé, un taux qui grimpe à 72% pour les personnes touchées par une maladie chronique en ALD et à 77% pour les diabétiques. On observe que si les personnes ont continué à gérer leur maladie chronique, elles l’ont fait avec plus ou moins de difficultés. Les patients en ALD ont ainsi, par exemple, pu avoir des consultations avec une plus grande fréquence que les malades ayant une maladie chronique sans ALD."

37% des patients ont renoncé à consulter pour éviter la propagation du virus
(4.40) – "Enfin, pendant le confinement, les patients comme les professionnels de santé se sont organisés entraînant un bouleversement du système de soins. La consultation en présentiel a beaucoup souffert pendant cette période et la télémédecine a été une alternative. Car même si les autorisations administratives étaient en place pour aller consulter, 37% des patients ont renoncé à voir leur médecin pour éviter la propagation du virus. Ceci est lié aux messages véhiculés pendant toute cette période d’épidémie par les autorités sanitaires : « Vous êtes des propagateurs de l’épidémie, donc restez chez vous ». Les patients chroniques ont donc entendu ce message comme les autres citoyens."

41% des patients chroniques n’ont pas encore retrouvé le chemin des cabinets médicaux
(6.10) - "Depuis la période de déconfinement et quelle que soit la région, 59% des malades chroniques sont revenus vers leur professionnel de santé. Un taux qui grimpe à 66% pour les malades chroniques en ALD. Ce chiffre nous a fortement interpellé. Il peut être vu comme le verre à moitié plein ou à moitié vide : si 59% représente la majorité des patients, 41% des patients chroniques n’ont pas encore retrouvé le chemin des cabinets médicaux et c’est bien là, tout le message de la campagne #revoirsonmedecin : maintenant, prenez soin de vous, prenez rendez-vous !"

99% des patients ont continué à suivre leur traitement
(7.27) - "Parmi toutes les maladies chroniques, l’hypertension artérielle a une particularité : la prise et l’observance du traitement sont tout à fait indispensables pour le maintien du suivi et de la prise en charge des patients hypertendus. La Fondation de Recherche sur l’hypertension artérielle souhaitait évaluer le rôle du pharmacien dans la délivrance des médicaments pendant cette période.
L’étude montre que si les patients ont moins consulté leur médecin et ont fait plus de téléconsultation, ils ont continué à se déplacer et aller voir leur pharmacien (87%) qui a été un acteur extrêmement présent et dynamique tout au long de la période de confinement. Les pharmaciens ont proposé des alternatives extrêmement intéressantes, comme par exemple, la délivrance des médicaments au domicile des patients qui ne pouvaient ou n’osaient pas se déplacer. 99% d’entre eux ont ainsi continué à prendre leur traitement, évitant une rupture des soins, ce qui est un grand soulagement pour nous, médecins !"

Les patients doivent revenir consulter en toute confiance
(9.45) - "La réalisation des examens médicaux, les contrôles à réaliser sur le plan radiologique, biologique ou encore les examens spécialisés comme les examens cardiologiques sont d’autres indicateurs du suivi médical. Depuis la fin du confinement, 58% des sondés n’ont pas réalisé un contrôle ou un examen médical. Il s’agit là d’un autre changement d’attitude qu’ont eu les patients chroniques vis-à-vis du soin. Ils ont finalement fait des choix d’une grande sagesse :  ils ont continué leur traitement, ont tout fait pour ne pas être en rupture du traitement et ont réorganisé leur prise en charge pour pouvoir garder un contact avec leurs professionnels de santé. Un des objectifs aujourd’hui est que les patients reviennent vers une prise en charge traditionnelle et classique en toute confiance."

29% des patients ne sont toujours pas passés au stade du déconfinement
(11.00) – "Ce chiffre de 29% traduit le comportement des malades vis-à-vis des messages qui circulent émanant des autorités sanitaires et relayés par la presse, toujours très anxiogènes. Le déconfinement ne veut pas dire que l’épidémie a disparu, il faut rester prudent. On observe que ce sont les patients les plus jeunes atteints de maladie chronique qui ont été les plus nombreux à ne pas se déconfiner. Il existe aussi d’importantes différences régionales." 

Les patients ont voulu éviter de surcharger leur médecin
(12.16) – "Lorsqu’on demande aux malades chroniques la raison pour laquelle ils n’ont pas eu de consultation présentielle depuis le début du confinement, la cause numéro 1 a été d’éviter la surcharge de travail de leur médecin et dans les hôpitaux.
Le fait que les consultations en présentiel n’aient pas encore totalement reprises pourrait être le signe d’un avant et d’un après Covid-19 vis-à-vis des modalités de prise en charge et de suivi des consultations, en particulier avec la téléconsultation." 

80 % des gens se sentent aussi bien ou même mieux qu’avant
(13.06) - "34% des patients interrogés indiquent avoir eu un moins bon suivi de leur état de santé depuis le début de l’épidémie. Ce chiffre est-il suffisant pour pouvoir lancer un cri d’alarme ? Des sondages réalisés, en particulier par Santé Publique France, ont suivi la perception et les sentiments de bonne santé, de bien-être ou de mal-être de la population au cours de la période de confinement. Si on compare ce chiffre avec la population générale, il n’y a pas de grande différence, hormis quelques différences régionales sans doute dues à l’importance de l’épidémie dans certaines régions.
(14.21) - 20% des malades chroniques se sentent moins bien physiquement qu’avant le début de la crise, ce qui veut quand même dire que 80% d’entre eux se sentent aussi bien ou même mieux qu’avant. Le confinement n’a donc pas été un bouleversement majeur concernant les perceptions de bien-être ou de mal-être.
(14.45) - 32% des patients se sentent moins bien psychologiquement qu’avant le début de la crise ; 26% pensent que leur santé s’est dégradée, alors qu’elle est restée stable pour 70% d’entre eux et s’est même améliorée pour 5%, avec là aussi quelques différences régionales. C’est en Île-de-France que sont observés les chiffres les plus dégradés, 33%."

"Le confinement a probablement été plus difficile à vivre dans une grande ville qu’à la campagne ou dans une ville moyenne. Ces éléments sociologiques seront très intéressants à analyser, mais dans toutes les épidémies que l’humanité a dû affronter au cours des millénaires, nous avons toujours été mieux à la campagne que dans les grandes villes."

 

En savoir plus sur la campagne #revoirsonmedecin : https://www.facebook.com/revoirsonmedecin
Autres interviews vidéo : https://www.acteursdesante.fr/

La campagne #revoirsonmedecin est réalisée par 5 associations concernées par les maladies cardio-métaboliques : Alliance du Coeur, Collectif National des Associations d’Obèses (CNAO), Fondation de Recherche sur l’Hypertension artérielle (FRHTA), Fédération Française des Diabétiques et la Société Française de Santé Digitale (SFSD). La campagne conçue et médiatisée par les agences By Agency et  Lauma Communication  en partenariat avec Acteurs de santé Tv a reçu le soutien de Medtronic qui n’est pas intervenu dans le contenu éditorial.

 

 

 

 

 

 

 

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