Plaies : 4 étapes pour lutter contre le Biofilm et éviter le retard de cicatrisation

Pascal SERANTONI-VASSEUR, infirmier, expert en cicatrisation des plaies à Marseille, membre de la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFFPC)

Comment lutter contre le Biofilm, l’un des facteurs qui retarde, voire qui empêche, la cicatrisation des plaies chroniques.

Qu'est-ce que le Biofilm ? Comment bien l’identifier et le traiter ? Comment le prévenir ?

 Le Biofilm, un facteur de retard de cicatrisation
« Le Biofilm est une communauté un peu particulière de micro-organismes. Elle est composéede différentes bactéries qui parviennent à se protéger du milieu extérieur en sécrétant une matrice tridimensionnelle qui devient très résistante aux antiseptiques ou aux antibiotiques. Le Biofilm est également capable de résister aux défenses immunitaires naturelles du patient, constituant un facteur de retard de cicatrisation qui va exposer la plaie à un risque d’infections récurrentes. »

Le Biofilm serait présent dans 80 % des plaies difficiles à cicatriser
« Certaines études tentent aujourd’hui à prouver que le Biofilm serait présent dans 80 % des plaies difficiles à cicatriser. Malheureusement, son diagnostic est très difficile à poser parce qu’il n’existe pas, à ce jour, de moyen simple pour pouvoir le détecter. Il peut apparaître dans tous types de plaies dès lors qu’on observe un retard de cicatrisation. Un groupe d’experts a proposé aux professionnels de santé médicaux et soignants, un algorithme pour faciliter la mise en place d’une stratégie adaptée. »

Des recommandations internationales adaptées aux pratiques françaises
« Un groupe d’experts dont je fais partie a adapté à nos pratiques françaises des recommandations internationales pour mieux prendre en charge les plaies qui ont du mal à cicatriser. En effet, nous n’avons pas toujours les mêmes pratiques d’un pays à un autre, ni les mêmes agences. Notre travail va être publié dans la revue Soins au mois de septembre. »

4 grandes étapes pour lutter contre le Biofilm
« Il existe une façon relativement simple de lutter contre le Biofilm à travers une phase d’hygiène de la plaie constituée essentiellement en 4 grandes étapes : la première consiste à laver la plaie de façon assez régulière, voire répétée si la plaie est résistante ; la seconde est une phase de détersion ; la troisième est une phase d’observation et de soins des berges environnantes qu’il faut consciencieusement examiner ; enfin, le choix du pansement doit permettre de rester dans le cadre d’une cicatrisation en milieu humide, mais également de tenir compte d’une éventuelle surinfection de la plaie due à une surcharge de Biofilm. Une étude observationnelle a été menée en France sous l’égide d’Isabelle Fromantin - experte en plaie, Docteur en Sciences de la Vie et de la Santé, Institut Curie - conformément aux recommandations de bonnes pratiques, avec notamment la réalisation d’un lavage et d’une détersion des plaies avant les prélèvements pour vérifier la présence de Biofilm. 23 à 25 % des plaies ont ainsi pu être potentiellement identifiées avec du Biofilm, confirmant que le nettoyage et la détersion réduisent sa prévalence. »

L’attention que les soignants vont porter à la plaie est très importante qu’ils travaillent à l’hôpital ou en ville
« L’important est de bien suivre les mesures pour prendre en charge la plaie, notamment une bonne détersion.Aujourd’hui, les centres de cicatrisation permettent d’avoir des échanges. La bonne prise en charge d’une plaie passe par une coordination et une écoute entre des personnes identifiées comme étant des professionnels de la plaie et des personnes moins aguerries dans cette discipline. »

Il faut qu’il existe une vraie coordination autour du patient
« Des formations continues sur les plaies et les cicatrisations sont constamment proposées aux infirmiers libéraux, la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFPPC) organise annuellement son congrès à Paris. Tout ceci participe à l’information des professionnels de santé, des médecins aux infirmiers en passant par les chirurgiens. Il faut qu’il existe une vraie coordination autour du patient. La prise en charge des plaies et de l’hygiène des plaies est absolument capitale pour une bonne cicatrisation. »
 

?? Les plaies chroniques difficiles à cicatriser altèrent la qualité de vie des patients et constituent un réel problème de santé publique. Parmi les facteurs qui retardent la cicatrisation, le Biofilm est présent dans près de 80% d’entre elles. Communauté microbienne particulière, le Biofilm est aussi un ennemi invisible qui résiste aux antiseptiques et aux antibiotiques exposant la plaie à des épisodes infectieux récurrents. Son traitement repose sur les soins locaux. Pour lutter contre le Biofilm, à titre préventif ou curatif, un grand nombre d’experts soutient l’importance de l’hygiène des plaies, protocole simple reposant sur quatre étapes de soins. ConvaTec, l’un des leaders mondiaux de la cicatrisation, est fortement engagé dans la lutte anti-biofilm et dans l’éducation médicale. Améliorer les connaissances, former les soignants et encourager les bonnes pratiques de l’hygiène des plaies est en effet essentiel pour optimiser la trajectoire de la cicatrisation des plaies difficiles à cicatriser.

Interview réalisée dans le cadre de la web Tv Plaies et Cicatrisation Acteurs de santé avec le soutien institutionnel de ConvaTec, https://www.acteursdesante.fr/webtv/plaies-et-cicatrisations-convatec/1/

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