Prothèse du genou, tout savoir sur la chirurgie et la rééducation

Dr Charles FIQUET, Chirurgien orthopédiste, spécialiste du genou, Clinique de l’Infirmerie Protestante, Lyon

Plaies & cicatrisation - L’objectif de l’opération est de faire disparaître les douleurs et l’altération de la qualité de vie du patient et de retrouver un genou qui plie et qui ne fait pas mal.

Prothèse du genou : en quoi consiste l’opération ? Combien de temps dure-t-elle ? Quels examens doit-on faire avant ? Le Dr Charles Fiquet, Chirurgien orthopédiste, spécialiste du genou à la Clinique de l’Infirmerie Protestante à Lyon rappelle les objectifs de cette intervention : faire disparaître les douleurs et l’altération de la qualité de vie du patient.

« L’intervention chirurgicale consiste à remplacer les surfaces articulaires du tibia et du fémur qui ont été détruites avec l’arthrose et à mettre en place des implants métalliques qui vont s’articuler entre eux par le biais d’une interface en plastique très solide qui permet le glissement. Ces implants métalliques sont revêtus d’un produit spécifique qui va encourager l’os à venir coloniser la prothèse et permettre une meilleure attache. »

Bien préparer l’intervention
« Le bilan à faire avant une telle intervention est important car il s’agit d’une chirurgie lourde, ce qui n’est jamais anodin. La consultation d’anesthésie permet de savoir si le patient va bien supporter la chirurgie et de choisir le type d’anesthésie à mettre en place : soit rachidienne, seul le bas du corps est endormi, soit générale. Il faut aussi faire des prises de sang et vérifier l’état dentaire et les urines pour éliminer tout éventuel foyer infectieux susceptible d’infecter la prothèse à posteriori. Des radiographies sont bien évidemment à faire avant l’intervention pour nous permettre de quantifier la destruction articulaire et de nous aider à la pose et au geste opératoire. » 

Ne pas souffrir après l’intervention chirurgicale
« La durée de l’intervention dépend du chirurgien, il faut compter environ une heure et demi. Une nouveauté, maintenant coutumière, est de réaliser pendant que le patient est toujours endormi, au bloc, une piqure d’anesthésiques locaux très puissants. Cela permet au patient lorsqu’il se réveille de ne rien sentir jusqu’au lendemain matin. Cette anesthésie locale puissante va faire effet pendant toute la soirée et toute la nuit. Le relais sera ensuite pris par les médicaments.
La durée d’hospitalisation a beaucoup diminué avec le temps. Des hospitalisations qui duraient autrefois 7 à 8 jours ont aujourd’hui été ramenées à 2 à 3 jours maximum. Certains patients sont même éligibles à la chirurgie ambulatoire, ils se font opérer le matin et repartent le soir chez eux. »

Marcher le jour même de la pose de la prothèse du genou
« La rééducation suite à la pose d’une prothèse de genou est rapide, c’est ce que nous appelons le “Fast track” ou “RAAC”. Le but est que le jour même de l’intervention, le patient, accompagné d’un kiné, fasse quelques petits pas.
C’est important de marcher immédiatement après l’intervention. Le patient ne se sent pas malade. La rééducation démarre tout de suite. Il récupérera une marche normale un à deux mois plus tard. »

Rééducation : c’est la motivation du patient qui fait la différence
« La rééducation débute 3 jours après l’opération, soit en centre de rééducation parce que le patient se sent un peu isolé, soit à domicile avec un kiné, puis en cabinet lorsque le patient sera plus autonome. Il n’y a aucune différence en termes de résultat, ce qui va vraiment faire la différence, c’est la motivation du patient. La durée de la rééducation du genou est très spécifique, elle va durer de deux à trois mois. Le but est, dans un premier temps, de récupérer une marche relativement normale et la mobilité articulaire : un genou qui va bien est un genou qui plie et qui étend, limitant les phénomènes inflammatoires. Ensuite, il faut récupérer la force musculaire : le kiné va s’attacher à réveiller et remuscler le muscle quadriceps rattaché à la rotule qui est le plus puissant du corps. La dernière étape consiste à retrouver la proprioception, c’est à dire la sensation d’équilibre et la confiance qu’on peut donner à son genou. » 

Retrouver un genou qui plie et qui ne fait pas mal
« L’objectif de l’opération est de faire disparaître les douleurs et l’altération de la qualité de vie du patient. Dans 80% des cas, un an après l’intervention, les patients sont satisfaits ou très satisfaits, mais 20% de patients sont moyennement satisfaits ou s’attendaient vraiment à autre chose. En réalité, certains d’entre eux veulent simplement ne plus ressentir de douleur et pouvoir marcher sans douleur, tandis que d’autres vont être plus exigeants et s’attendre à retrouver le genou de leurs 20 ans. Or, le but de la prothèse n’est pas de faire le marathon de New York, mais de retrouver un genou qui plie et qui ne fait pas mal. » 

Interview réalisée dans le cadre de la web Tv Plaies et Cicatrisation Acteurs de santé, avec le soutien institutionnel de ConvaTec.

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