Le Dr Pomone Richard, médecin pathologiste à Toulouse, membre du Syndicat des Médecins Pathologistes Français (SMPF), rappelle le rôle primordial de l’anapath en santé publique.
« Le pathologiste joue un rôle important dans la santé publique, notamment dans la transmission des données des dépistages qu’il réalise, car dépister ne sert à rien si on ne connait pas l’impact du dépistage pour prévoir les années futures. Et c’est bien là le problème car si nous savons collecter les données, ce qui est notre travail quotidien, nous ne disposons pas des outils informatiques suffisants pour les transmettre de façon accessible et sécurisée !
Nos laboratoires sont équipés pour la transmission des données puisque nous sommes informatisés, néanmoins l’informatisation ne fait pas tout ! Il faut aussi pouvoir transmettre nos données sous un format compatible avec les différents organismes concernés... Or, aujourd’hui, il existe trop de disparités entre les cabinets de pathologie, nous ne sommes pas tous assez équipés pour cela. Les systèmes d’information entre les différents laboratoires de France ne sont pas suffisamment adaptés. Ils ne sont pas tous identiques, le Health Data Hub développé par le gouvernement ne sera pas utilisé par tous. Les mécanismes d’échanges sont pour l’instant trop balbutiants.
Nous rencontrons un problème d’interopérabilité des systèmes informatiques, ce qui rend compliqué les investissements des pathologistes dans l’informatique qui sont très lourds financièrement. Si les pathologistes sont médecins, ils ne sont pas informaticiens ! L’informatique nécessite des gens compétents. Nous avons besoin que le gouvernement nous aide à nous informatiser pour pouvoir rentrer dans le partage et la transmission de la donnée et aussi dans l’alimentation du DMP (dossier médical personnalisé) du patient. Entendre aujourd’hui que le pathologiste n’a pas sa place dans le dossier médical est juste inadmissible quand on sait la place qu’il occupe auprès des patients dans le parcours de soins.
Dans notre laboratoire, les organismes de collecte des données viennent nous visiter pour accéder à notre base de données, mais faire du porte-à-porte n’est pas la solution ! Nous leur envoyons également par courrier, en double, les résultats des dépistages, mais ce n’est pas une façon moderne de transmettre des données en 2021. »
Interview réalisée en toute indépendance éditoriale par Acteurs de santé Tv avec le soutien du Syndicat des Médecins Pathologistes Français (SMPF).
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