Test génomique, une chimiothérapie sur deux d’évitée 

Pr Roman ROUZIER, chirurgien, directeur scientifique du Centre de lutte contre le cancer (CLCC) François Baclesse, Caen

Cancer du sein & Oncotype DX®

Les tests génomiques permettent de confirmer la prescription ou non d'une chimiothérapie dans certains cas de cancer du sein. Le professeur Roman Rouzier vient de présenter à Barcelone une étude inédite sur les bénéfices des tests génomiques et notamment du test Oncotype DX® non seulement en termes financiers, mais également en termes de qualité de vie, au plus grand bénéfice de la santé des patientes. 

Eviter une chimiothérapie sur deux n'a pas de prix 

« Nous avons identifié dans ce travail trois groupes de patientes : les patientes de moins de 50 ans sans envahissement ganglionnaire, les patientes de plus de 50 ans sans envahissement ganglionnaire et les patientes de plus de 50 ans avec envahissement ganglionnaire. Ce qu'il faut retenir, c’est que lorsque nous faisons un test génomique, nous évitons une chimiothérapie quasiment une fois sur deux, ce qui n'a pas de prix. C’est un bénéfice vraiment incroyable que d’éviter une chimiothérapie à des patientes pour lesquelles nous n’étions pas sûrs de son utilité. Et puis, lorsque nous faisons le test et que nous annonçons à une patiente qu’une chimiothérapie va être nécessaire, elle l’accepte beaucoup mieux parce qu’elle est convaincue et comprend mieux son intérêt. Ce qu'il faut retenir, c'est qu’un test génomique, c'est une chimiothérapie sur deux d’évitée. »

10.000 patientes par an vont être concernées

« Chez certaines patientes atteintes de ce type de tumeurs, on sait que faire une chimiothérapie ne sert à rien ou, au contraire, qu’elle est absolument nécessaire, et puis il y a un groupe à risque de patientes qui se trouve en « zone grise », on ne sait pas si la chimiothérapie va être efficace. Ces patientes représentent environ 25 % des 50.000 à 60.000 cancers du sein pris en charge chaque année. Globalement, 10.000 patientes par an vont être concernées. Mais le test génomique n'est pas recommandé pour toutes les patientes. Si leur médecin leur dit : “votre tumeur présente des caractéristiques particulières et relève d’une chimiothérapie”, alors il faut faire une chimiothérapie. Par contre, s’il leur dit : “nous sommes dans la zone grise”, c’est à dire que nous ne sommes pas sûrs de l’utilité de faire une chimiothérapie, il faut qu’elles acceptent d’attendre le temps que nous lancions le test génomique et que nous obtenions ses résultats. Cela en vaut vraiment le coup parce qu'une fois sur deux, le test leur permettra d'éviter une chimiothérapie. »

L’hormonothérapie sauve plus de vies que la chimiothérapie

« Lorsque nous annonçons aux patientes qu’elles n’ont pas de chimiothérapie et que nous leur prescrivons une hormonothérapie, elles sont soulagées. Pour qu’elles ne soient pas inquiètes, nous devons bien leur expliquer que leur tumeur va davantage bénéficier d’une hormonothérapie d'entrée de jeu que d'une chimiothérapie car le bénéfice de la chimiothérapie ajouté à l’hormonothérapie n'est pas suffisamment important. Quant aux patientes qui vont recevoir une chimiothérapie, elles recevront ensuite une hormonothérapie. Ces patientes bénéficient d’une prise en charge extrêmement active. Il convient de rappeler que l'hormonothérapie est un traitement qui sauve plus de vies que la chimiothérapie. »

Nous sommes vraiment dans l'ère des décisions partagées avec la patiente

« La notion de confiance dans la prise en charge d’une patiente atteinte d’un cancer du sein est importante. La patiente a conscience que nous faisons tout notre possible pour lui proposer la meilleure prise en charge. Nous sommes vraiment dans l'ère des traitements personnalisés. Lorsque j’annonce à une patiente que soit on fait une chimiothérapie, soit on fait un test avec une probabilité de récidive à 10 ans, elle n’hésite pas. Nous sommes dans l'ère de la démocratie sanitaire et des décisions partagées. Les patientes sont très rassurées de recevoir plus d'informations simples et concrètes, car bien souvent pour elles, apprécier le bénéfice d'une chimiothérapie reste abstrait. Recevoir ces informations est bénéfique pour la prise en charge de ces patientes atteintes d’un cancer du sein. »

Interview réalisée par Acteurs de santé Tv, avec le soutien d’Exact Sciences qui n’est pas intervenu dans le contenu éditorial. 

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