Avoir des données de vie réelle de nos patientes est très important
« Cela fait plus de 20 ans que j’exerce à Courlancy et je travaille depuis très longtemps avec l’INCa en tant que coordinateur des recommandations nationales pour le cancer du sein. J’ai dirigé quatre Observatoires nationaux, 2 sur les cancers in-situ et 2 sur les cancers infiltrants, ce qui m’a donné une certaine expérience de l’analyse des données. C’est important d’avoir des données extrêmement précises sur la vie réelle de nos patientes. Nous avons créé dans le service une base de données exhaustive très homogène qui permets une analyse fine et de répondre à un certain nombre de questions tant sur l’épidémiologie que sur les modalités de traitement ou les problèmes de surveillance. »
Vers une désescalade thérapeutique
« Nous envisageons ainsi de faire des études concernant les modalités de surveillance, les possibilités d’allégement et d’évolution des modalités de traitement au cours des années à venir, notamment en termes de désescalade thérapeutique tant en chirurgie avec l’introduction du ganglion sentinelle qu’en radiothérapie avec l’hypofractionnement ou encore en chimiothérapie avec, par exemple, l’utilisation du test génomique Oncotype DX®. »
15 à 25% des patientes en « zone grise » ont besoin d’un test génomique
« L’un des sous-groupes analysé dans notre étude portait sur l’utilisation d’Oncotype DX®. En effet, la difficulté est de bien sélectionner les patientes pour lesquelles un test génomique est utile et peut avoir un impact thérapeutique important. Le dossier de chaque patiente est discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) : si dans la grande majorité des cas la décision est facile, il existe une « zone grise » qui représente environ 15% à 25% des patientes et pour lesquelles nous sommes indécis sur le meilleur traitement à mettre en place en tenant compte de la balance « bénéfice/risque. »
Adapter le traitement et nous rassurer sur la décision thérapeutique
« Suite aux évolutions des résultats des études randomisées internationales et des recommandations, nous proposons aujourd’hui systématiquement l’indication d’un test OncotypeDX® en cas de différence d’opinions entre les cliniciens et de discordance entre certains paramètres : taille de l’atteinte ganglionnaire, grade, histopronostique, index de prolifération tumorale (Ki 67) …
Oncotype DX® nous permet d’adapter le traitement en espérant même pouvoir désescalader, et aussi, de nous rassurer : ne pas faire de chimiothérapie à une femme qui présente une atteinte ganglionnaire alors qu’on le faisait de façon systématique il y a quelques années peut paraître un peu inquiétant, mais le test génomique nous donne la confirmation que notre attitude est justifiée. Nous demandons ce test dans près de 20 % des cas et comme le montrent les études, 60 % de femmes reçoivent ainsi directement une hormonothérapie sans avoir recours à une chimiothérapie qui leur serait inutile. »
Une indication forte de faire ou de ne pas faire une chimiothérapie
« L’utilisation d’Oncotype DX® a transformé notre pratique quotidienne en réduisant fortement les incertitudes sur le traitement optimal à mettre en place lorsque nous nous trouvons en « zone grise ». Le Recurrence Score nous donne une indication forte de faire ou de ne pas faire une chimiothérapie. »
Obtenir un remboursement systématique des tests génomiques
« Ces tests font partie d’une enveloppe globale (RIHN) actuellement rediscutée au niveau des autorités de santé et qui devrait évoluer. Un article récemment publié dans le JCO (Journal of Clinical Oncology) américain, fait le point sur les tests génomiques et devrait permettre d’optimiser les indications et d’obtenir un remboursement systématique dans les bonnes indications. »
Bientôt, une étude multicentrique
« D’autres études telles que celle-ci ont été menées, mais le travail réalisé à Reims avec le Dr Caroline Charles, pharmacienne et consultante recherche clinique en oncologie, présente un réel avantage en termes d’exhaustivité des données, de suivi régulier et de fiabilité. Il apporte une contribution non négligeable à l’utilisation optimale de ces tests avec un bénéfice considérable pour, à minima, 50 % des patientes.
Nous souhaitons poursuivre nos travaux en proposant maintenant une étude multicentrique de façon, par exemple, à analyser précisément, les facteurs de décision qui ont conduit à la demande d’un test Oncotype DX® : est-ce le grade, la taille ou l’atteinte ganglionnaire qui ont posé le plus de problèmes dans l’indication ? Ces critères sont encore très peu étudiés et évalués. »
Un bénéfice en termes de santé et aussi de santé publique
« Ces tests présentent un réel bénéfice en termes de santé publique car ils permettent un allègement du traitement et des effets secondaires et une réduction des arrêts de travail. Ils ont un impact psychologique majeur car éviter la chimiothérapie si elle n’est pas utile est très important pour les femmes. Mais naturellement, il faut faire ces tests à bon escient, c’est-à-dire à chaque fois que nous avons un doute de façon à avoir une assurance sur l’indication thérapeutique. C’est une énorme responsabilité. »
*Journal of Clinical Oncology, Biomarkers for Adjuvant Endocrine and Chemotherapy in Early-Stage BreastCancer: ASCO Guideline Update, https://ascopubs.org/doi/full/10.1200/JCO.22.00069
> Poster présenté par les Drs Caroline Charles & Bruno Cutuli à l’ESMO
En savoir plus :
Web Tv Cancer du sein, chimiothérapie et tests génomiques, https://www.acteursdesante.fr/webtv/cancer-du-sein-chimiotherapie-et-tests-genomiques/12/
Clinique de Courlancy, http://www.courlancy-sante.com/courlancy
Mon traitement cancer du sein, https://www.montraitement-cancerdusein.fr/
Exact Sciences, https://www.exactsciences.com/
Patients en réseau, https://www.patientsenreseau.fr/cancer-du-sein-et-chimiotherapie-tests-genomiques/
Mon réseau cancer du sein, https://www.monreseau-cancerdusein.com/dossiers/mieux-comprendre/parcours-diagnostique/tests-genomiques-predictifs/tests-genomiques-predire-le-risque-de-recidive-et-preciser-la-necessite-dun-ch