Samedi matin, centre de Fécamp : « Marie-Agnès, elle est là, partout, tout le temps », souligne une Fécampoise. « Bonjour Madame la ministre ! », lance un commerçant. Ses parents s'étaient installés à Nancy, où elle est née, pour suivre des études de pharmacie. Son père, une fois diplômé, est revenu en Normandie pour exercer à Fécamp. « Mon père est vite devenu premier adjoint. Mes parents ont toujours été très engagés. Maman, dans le scoutisme, Papa, dans la vie locale et les associations », se souvient-elle en souriant. Marie-Agnès passe son bac à Rouen, « dans une école de fille », précise-t-elle. Puis, direction Paris pour des études d'histoire, de Sciences politiques et de droit. « En réalité, je ne savais pas du tout ce que j'avais envie de faire », avoue-t-elle.

La chance de cocher les cases : « jeune et femme »
« Quand Jacques Chirac perd les élections en 1988, je me suis dis que je ne pouvais pas être déçue alors que je n’avais rien fait ! » Déterminée, elle prend sa carte du parti, au plus grand dam de sa famille qui pensait qu’elle allait « être complètement coincée ! ». « J'ai eu, à l'époque, la chance de cocher les cases « jeune et femme », Antoine Rufenacht, maire du Havre, m'a repérée et je suis devenue, en 1998, la benjamine du Conseil régional de la Haute-Normandie. J'ai eu de gros combats, on m'a envoyé me présenter, aux Cantonales et aux Législatives, à des endroits où la droite avait peu de chances de gagner, et le fait d'être une femme était un handicap », relève-t-elle. En 2010, elle s’engage dans la campagne pour les Régionales. Puis, on lui propose de se présenter à la Mairie de Fécamp. « À ce moment-là, mes enfants étaient encore petits, j’étais conseillère municipale. Après une campagne quasiment militaire, cage d'escalier par cage d'escalier, appartement par appartement, et contre toute attente, nous avons gagné ! », indique-t-elle encore étonnée. Elle est élue maire de Fécamp en 2014.

Une petite France, de la Mer à la Seine
En 2022, le RN obtient 53 % des voix dans la 9ème circonscription de Seine-Maritime. Elle est candidate aux élections législatives et gagne « très ric-rac », reconnaît-t-elle. « Ayant été assistante parlementaire, je connaissais un peu l’Assemblée et son fonctionnement, c’est ce qui m'a permis de vite m’intégrer. » Elle devient rapporteur de la Loi sur l'Industrie Verte : « La circonscription de la Normandie ressemble à une « petite France», puisque nous allons de la Mer à la Seine ». Comme tous les samedis, avec son assistante, elle fait en voiture le tour de ses 124 communes, le téléphone sonne : « Nous sommes le 2 septembre, numéro inconnu, je ne réponds jamais aux numéros inconnus ! Bonjour, c'est Michel Barnier. Je savais qu'il allait annoncer la constitution de son gouvernement ce soir là. Il me propose d'être Ministre déléguée chargée de l'économie sociale et solidaire, de la participation et de l'intéressement. Un sujet très Gaullien ! Une expérience formidable, j'ai toujours fait de mon mieux, toujours répondu : oui ! »

Enfant, elle aurait voulu être commandant de bord. Alors, accrochez vos ceintures, Marie-Agnès décolle pour de nouveaux horizons, « toujours déterminée, avec un beau sourire, on ne la changera pas », confirme un de ses nombreux amis. 

Volet Perso
Pour la lecture : «  J’aime lire, je lis une heure chaque matin, plutôt des sujets politiques ». Pour la musique : « J’étais plutôt rock, mais je deviens musique classique, cela fait du bien après une journée à l’Assemblée ! » Votre film préféré : « Le choix de Sophie, et plus récemment, En fanfare ». Mon actrice préférée : « Romy Schneider, elle est entière, intelligente et sensible ». Un autre métier : « Architecte, parce qu’on construit, on bâtit, on propose un projet de A à Z. Lorsque j’étais Maire, j’ai toujours suivi tous les projets, pour créer et transformer les choses ». Dieu à votre arrivée au Paradis : « Déjà, si j’y arrive, c’est que tout va bien ! Bienvenue, tu as toujours fais ce que tu as pu, avec les moyens qui étaient les tiens ».