Une évaluation en cours à la HAS sur les tests génomiques

Catherine SIMONIN-BÉNAZET, Présidente de la commission Société Politiques de Santé, Ligue nationale contre le cancer

Dans le cadre du RIHN, 50 % du coût des tests génomiques est à la charge de l'établissement de santé. Les établissements publics doivent attendre un an pour être remboursés. Cela crée une iniquité d'accès.

Entretien

Quelles sont les avancées qui vous ont le plus marquée dans le cancer du sein, au cours de ces cinq dernières années ? « Les avancées qui m’ont le plus marqué sont les tests en onco-génomique et la question de leur accès au niveau territorial en fonction des établissements de santé. Ces tests représentent une grande avancée car ils permettent une médecine personnalisée pour les femmes qui ont un cancer du sein, mais aussi dans d'autres types de cancers comme celui du poumon avec des traitements ciblés, personnalisés en fonction des cibles trouvées. »

Les tests en onco-génomique sont-ils accessibles partout en France ? « L’accès aux tests en onco-génomique est très inéquitable en fonction des établissements. Nous avons réalisé une enquête sur le degré d’information des patients : seule une toute petite frange d’entre eux, qui est d’ailleurs très bien informée, sait à quoi servent ces tests qui ont plusieurs indications : il peut s’agir d’une désescalade thérapeutique avec les signatures génomiques, mais également de l’accès à un traitement ciblé ou aux immunothérapies ou encore de détecter une contre-indication à certains traitements comme les 5-fluorouracile (5-FU). C'est important de connaître l'existence de ces tests et qu'ils soient accessibles sur tout le territoire d'une façon équitable. Pour cela, il y a des réflexions à mener et des financements à trouver parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas le cas. »

Que faire pour les rendre accessible à tous ? « Il faut un financement ad hoc pour ces tests, par exemple en majorant le forfait GHS sur le parcours de soins de façon à faire en sorte que les établissements puissent les financer. Aujourd'hui, dans le cadre du RIHN, 50 % de leur coût est à la charge de l'établissement de santé. Les établissements publics doivent attendre un an pour être remboursés. Cela crée une iniquité d'accès : certains établissements ne peuvent plus se permettre d'avancer ces frais ou prennent un risque financier pour permettre à des patients d’accéder à ces traitements. »

Pourquoi ces tests ne peuvent-t-ils pas être remboursés au même titre qu’une prise de sang ? « Justement, c'est en cours. Une évaluation est actuellement réalisée à la HAS avec une commission spécifique qui va donner son avis sur des remboursements. En médecine de ville, l'assurance maladie pourra coter ces actes. Mais cela ne résout pas le problème des établissements de santé. »

Qu'est ce qui a le plus changé dans l'accompagnement des femmes au cours de ces cinq dernières années ? « Ce qui a le plus changé, c'est de ne pas considérer une maladie, mais bien une personne, c'est à dire un parcours de vie et de projeter la personne dans sa vie d'après. C'est un cheminement de résilience à faire intégrer à la personne. Ce sont aussi tous les soins de support que l'on propose à la Ligue pour accompagner les personnes au moment où elles en ont besoin avec le soin de support nécessaire et adapté dans leur parcours de soins, que ce soit dès l'annonce, pendant le parcours ou encore dans l'après cancer qui est aussi un moment difficile. Nous essayons aussi d'agir sur toutes les règles et les lois pour que les patients accèdent aux mêmes droits que les autres citoyens en France. C'est aussi un important défi. »

Interview réalisée à l'occasion du congrès de la SFMPP (Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée), octobre 2024.

En savoir plus : https://www.ligue-cancer.net/

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